# SECONDE PEAU, GALERIE DETOUR, 2012

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Sur le plan international, la céramique des années 2000 fut marquée par un retour en force de l’utilisation du matériau porcelaine. Caroline Andrin s’est illustrée dans cette mouvance. Le travail de cette artiste franco-suisse qui vit en Belgique fait la synthèse entre les spécificités des matériaux terre et les concepts de l’art contemporain. Sur le plan technique, elle est une spécialiste des techniques de moulage d’objets complexes et de matériau divers (textiles, plastiques, cartons, toile, etc.) dont elle modifie et détourne les formes et la signification. Ses œuvres sont des objets sculpturaux qui parlent des souvenirs et des traces de l’existence. Cependant, par un langage plastique fort, elle évite toute nostalgie et cultive plutôt un certain sens de l’intrigue. Bien qu’attirée par la blancheur de la porcelaine qui confère une certaine neutralité à ses oeuvres, très récemment, elle a utilisé d’autres terres pour une série singulière baptisée « Skin Game » et faisant référence aux trophées de chasse. Le moulage de gants en cuirs, préalablement découpés et recomposés, le coulage puis la cuisson de cette terre aux teintes nouvelles, ne nous éloigne pas du matériau initial sans qu’il s’agisse de mimétisme total. Une fois suspendu, l’oeuvre cultive l’intrigue comme le faisaient précédemment ses bonnets de bain devenus à la fois des bols ou des formes marines. Dans toutes les œuvres de Caroline Andrin, la technique rejoint l’esthétique ; le sujet incarne l’objet. Les techniques utilisées amènent à des prises d’empreintes. L’argile se dépose sur les parois du moule et capte le relief du modèle avec une grande fidélité. A l’artiste de jouer avec le processus en tant que tel en marquant des coutures initiales bien réelles ou provoquée par le moulage. On peut donc dire que Caroline Andrin travaille des peaux qui font formes et donnent sens. Ludovic Recchia, juillet 2012